En un pays de légendes, où règne la magie, le destin d’un grand royaume repose sur les épaules d’un jeune homme. Son nom ? Merlin…
Grotte des Disirs
Trois femmes encapuchonnées dans des capes bleu sombre et possédant chacune un étrange bâton, récitent des paroles en Ancien Langage. Elles pointent leur sceptre vers un petit bassin, et l’une d’elle s’agenouille avant de récupérer ce qui semble être une pièce au fond du bassin et la lève devant elle. À l’extérieur de la grotte, un homme attend.
Disir n°1 : Osgar. Tu sais ce qu’il te reste à faire.
Osgar : Oui, je sais.
Disir n°1 : Debout.
Osgar se lève, la Disir tend la main, avec, à l’intérieur, la pièce trouvée au fond du bassin.
Disir n°1 : Prend-la (Osgar prend la pièce). Le sort d’Arthur Pendragon est désormais entre tes mains (Osgar s’apprête à partir). Honore ce qui t’es confié (Osgar hoche la tête, rabat sa capuche puis part dans la forêt).
GÉNÉRIQUE
Terrain d’entraînement
Arthur et Mordred se battent, sous le regard attentif de Merlin. Arthur finit par battre Mordred. Le roi tend la main au chevalier pour qu’il se relève.
Arthur : C’est très bien ça Mordred. Très très bien !
Mordred : Majesté.
Arthur : Ah, je pourrais commencer à être en difficulté !
Merlin : (se levant pour féliciter le roi, en l’applaudissant) Bravo Sire.
Merlin va à la rencontre du roi, mais celui-ci l’ignore, préférant donner des leçons de combats à Mordred.
Arthur : Mordred, souvenez-vous que dans une attaque, vous devez toujours retourner la force de votre adversaire contre lui-même.
Chambre d’Arthur
Arthur et Merlin rentrent, le roi louant les qualités du jeune chevalier.
Arthur : Tu as vu la qualité du contre-de-quarte de Mordred ? Ah, c’était très bien exécuté, il a du talent !
Merlin : C’est vrai ?
Arthur : Contre-de-quarte, tu sais ce que c’est ?
Arthur passe derrière le paravent et commence à ôter sa côte de maille.
Merlin : Euh, je dirai que c’est tout simplement une parade circulaire qui permet d’intercepter la lame de l’adversaire ?
Arthur : Oui, c’est ça, tu as été très attentif. Que penses-tu du jeune Mordred ?
Merlin : Il a fait beaucoup de progrès.
Arthur : Il a toutes les qualités d’un excellent chevalier, tu ne crois pas ?
Merlin : Il y a beaucoup d’excellents chevaliers, à Camelot.
Arthur : S’il ne me déçoit pas, il sera parmi les meilleurs. Et crois-moi, il ne recevra que des encouragements de ma part.
Merlin a l’air dépité, avant de recevoir de l’autre côté du paravent la pile de vêtements d’Arthur sur la tête.
Appartements de Gaius
Gaius : Tu penses qu’il n’est pas prêt ?
Merlin : Non, c’est un excellent homme d’épée.
Gaius : Tu crois qu’il est trop jeune, trop impétueux ?
Merlin : Il a toujours fait preuve de sérieux, et de modestie.
Gaius : Mais il est parfait ce garçon, Merlin.
Merlin : Je ne saurai ignorer ce que j’ai vu. Gaius, Mordred est destiné à jouer un rôle dans la mort d’Arthur.
Gaius : Peut-être que oui, peut-être que non, l’avenir a bien des visages, ce n’est que l’un d’eux. L’as-tu déjà vu faire preuve d’autre chose que de gentillesse envers Arthur ?
Merlin : Non, mais…
Gaius : Si Mordred voulait nuire à Arthur, il a eu bien des occasions de lui porter préjudice. C’est un charmant garçon, Merlin.
Merlin : J’en conviens et je l’apprécie aussi, mais je ne saurai ignorer ce que j’ai vu.
Gaius : Voir et savoir sont deux choses différentes, et nous ne devons pas avoir le moindre doute avant d’agir.
Petite salle du trône
Léon arrive dans la salle.
Arthur : Quelles sont les nouvelles de l’Est, Messire Léon ?
Léon : (en s’asseyant) Les nouvelles sont hélas très mauvaises, Sire. Comme vous le savez, il y a quelques jours notre garnison de la forêt de Brechfa a arrêté au passage l’homme qui répond au nom d’Osgar.
Arthur : Le sorcier ?
Léon : Lui-même. Alors que nos hommes tentaient de l’appréhender, il a fait usage de magie pour leur fausser compagnie. J’ai le regret de vous apprendre que Messire Ranulf a été mortellement blessé.
Arthur : Je le déplore. C’était un chevalier loyal. Messire Léon, que tous les hommes des territoires de l’Est soient en alerte.
Léon : (en hochant la tête) Oui Sire.
Tout le monde autour de la table se lève.
Arthur : Je prendrai la tête d’une patrouille et je mènerai ce Osgar devant la justice.
Arthur sort de la salle.
Chambre d’Arthur
Arthur rejoint Guenièvre installée à une table. Il dépose sur celle-ci des parchemins.
Guenièvre : Êtes-vous vraiment obligé d’y aller en personne ?
Arthur : C’est à moi de montrer l’exemple, non ? C’est le rôle d’un roi.
Guenièvre : Vous étiez parti secourir le père de Mithian lorsque j’ai failli vous perdre.
Arthur : La mort de Messire Ranulf ne saurait rester impunie.
Guenièvre : Vous avez tant de preux chevaliers pour venger ce crime !
Arthur : Ce… Ce n’était pas qu’un simple chevalier Guenièvre, c’était mon ami. Nous avions grandi ensembles. Il me faut partir. Soyez sans crainte, je ne risque rien. Je suis entouré de preux chevaliers, vous l’avez dit vous-même.
Quelqu’un frappe à la porte.
Arthur : Entrez.
Mordred fait son apparition dans la pièce.
Mordred : Vous vouliez me voir, Sire ?
Arthur : Ah, Mordred, entrez je vous en prie. Le temps est venu pour vous d’accompagner votre roi.
Mordred : Majesté.
Arthur : Vous allez vous joindre à la patrouille que je conduirai jusqu’aux Montagnes Blanches.
Mordred : (surpris) Moi ? Mais… À Brechfa ?
Guenièvre sourit.
Arthur : Et je vous félicite.
Mordred : C’est un grand honneur. Je…
Arthur : (lui faisant une accolade) Vous méritez d’être du voyage. Soyez prêt à l’aube.
Mordred : (souriant) Comptez sur moi, Majesté.
Mordred s’apprête à partir, mais se retourne sur le pas de la porte.
Mordred : Vous n’aurez nul regret. Je vous le promets.
Le chevalier s’en va.
Arthur : Il a l’âme d’un excellent chevalier.
Guenièvre : Vous semblez apprécier ce jeune homme.
Arthur : Bien moins que vous, rassurez-vous.
Cour du château
Les chevaliers (Gauvain, Léon, Elyan, et Perceval) sont sur leur monture. Gauvain échange un regard complice avec Léon.
Gauvain : (moqueur) Vous êtes sûr de n’avoir rien oublié, Mordred ?
Mordred : (ne comprenant pas) Qu’aurais-je oublié ?
Léon : Je ne vois pas où est votre dague.
Mordred cherche sa dague.
Elyan : Et l’eau, vous avez pensé à en emporter ?
Mordred vérifie sa selle.
Perceval : Regardez ses bottes, je crois qu’il lui en manque une, non ?
Mordred regarde ses bottes. Tous les chevaliers éclatent de rire, Mordred sourit légèrement.
Merlin : (à Arthur) Vous êtes sûr que c’est une bonne idée ?
Arthur : C’est un fier et… Preux chevalier.
Merlin : Il est très jeune.
Arthur : Où en serions nous Merlin, si nul ne nous avait donné notre chance ?
Arthur monte en selle, puis se prépare à partir avec ses hommes.
Arthur : Messieurs.
Guenièvre les regarde partir, puis s’adresse à Merlin.
Guenièvre : Merlin (Merlin se retourne) ! Tu le protègeras ?
Merlin : Il ne me facilite pas toujours la tâche !
Guenièvre : Je sais.
Arthur : Merlin !
Tous les hommes s’en vont.
Forêt du Royaume de Camelot
Les chevaliers galopent à travers la forêt, puis ralentissent. Ils commencent à discuter.
Léon : C’est une tradition.
Elyan : Une vieille tradition.
Perceval : Nous l’avons tous fait lors de notre première patrouille !
Arthur: (se tournant vers Mordred) Mordred, mais qu’est-ce que vous faites au juste ?!
On voit Mordred, à cheval, se trouvant à l’envers sur sa selle.
Mordred : Je chevauche à l’envers, votre Majesté.
Gauvain : Comme dans la tradition ancestrale de la chevalerie !
Arthur : (saisissant la blague) Ah oui oui, bien sûr ! Et j’imagine que votre culotte est à l’envers, aussi !
Mordred : Majesté !
Tous les chevaliers éclatent de rire et échangent des regards complices, fiers de leur blague. Au bout d’un moment, Gauvain fait halte, et descend de sa monture pour inspecter des traces.
Gauvain : C’est Osgar. Il n’est pas loin.
Perceval : (ayant trouvé un bout de tissu sur une branche) Et il est un peu étourdi !
Arthur inspecte le tissu.
Mordred : Sire !
Au loin, un homme s’enfuit. Tout le monde se sépare : Mordred, Merlin et Arthur restent ensemble, Gauvain et Elyan partent à la poursuite de l’homme et Perceval et Léon empruntent un autre chemin. Elyan et Gauvain parviennent à retrouver l’individu, assis sur une branche, entrain de boire. Ils se consultent et avancent discrètement vers lui.
Gauvain : Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites ici ?
Osgar : Je commençais à craindre que vous vous soyez perdus en chemin !
Gauvain : (menaçant) Qui êtes-vous ?!
Osgar : Je m’appelle Osgar, et j’ai un message à remettre à votre roi. Conduisez-moi à lui.
Elyan : Avec un immense plaisir…
Osgar : Ignorez-vous donc qui je suis ?
Gauvain : Vous êtes un sorcier, un hérétique et un meurtrier.
Osgar : Non. Je suis un homme qui tient à sa liberté en haute estime (puis, repoussant les épées avec ses mains)… Conduisez-moi à votre roi !
Elyan et Gauvain menacent brusquement Osgar avec leur épée, que ce dernier a tôt fait de repousser avec la magie. Mais Gauvain utilise sa dague cachée pour porter un coup mortel à Osgar. Osgar s’effondre, puis repousse violement les deux chevaliers qui s’écrasent plusieurs mètres plus loin au sol. Le sorcier gémit, puis s’en va avec difficulté sur le chemin où il retrouve Arthur, Mordred et Merlin.
Arthur : (brandissant son épée) Plus un pas !
Osgar : Sire…
Osgar s’effondre.
Osgar : Je m’appelle Osgar.
Arthur : Je sais qui tu es !
Osgar : Je suis envoyé par les trois Disirs pour juger et pour condamner Arthur Pendragon, le roi d’hier et d’aujourd’hui !
Mordred : De quel droit jugez-vous Arthur Pendragon ?
Osgar : Nul homme ne surpasse les Disirs, qu’il soit de sang royal ou pas. Il est de mon devoir de vous communiquer leur sentence, roi sanguinaire. De mon devoir sacré…
Osgar sort de sa poche la pièce donnée par la Disir.
Osgar : Votre main, Arthur Pendragon…
Arthur prend la pièce.
Osgar : Voilà qui est fait…
Arthur : Que dois-je comprendre à cela ?
Osgar : C’est à la fois votre jugement et votre destin. Vous avez déclaré la guerre au peuple de l’Ancienne Religion, aujourd’hui les Dieux ont décidé de s’adresser à vous. Les Disirs ont parlé, la roue du destin commence à tourner. À l’heure où Camelot a fleurie, les graines de sa destruction ont été semées, elles aussi…
Arthur : Qu’est-ce que c’est que ces sornettes !
Osgar : (saisissant la main d’Arthur) Il n’est pas trop tard ! Il n’est pas trop tard pour prendre le droit chemin, Arthur ! Vous pouvez vous racheter… C’est votre seule chance ! Vous n’en aurez pas d’autre !
Osgar meurt dans un dernier râle.
Un peu plus tard, Merlin fait une tombe à l’endroit où le sorcier a été enterré. Mordred le rejoint.
Mordred : Que va dire le roi ? Les sorciers n’ont pas le droit à leur tombe. Ne t’inquiète pas, j’en aurai fait autant. C’était l’un des nôtre après tout.
Merlin : Nous ne serons pas toujours rejetés. Un jour nous vivrons tous de nouveau en paix.
Mordred : Tu le crois vraiment ?
Merlin : Oui.
Mordred : Mais en attendant, nous devons abandonner notre identité, que ce soit dans la vie ou dans la mort.
Le soir, autour d’un feu, Merlin soigne Gauvain.
Merlin : L’œdème devrait se résorber en début de journée.
Gauvain : Espérons-le.
Arthur : Comment va-t-il ?
Merlin : Grâce au cataplasme que j’ai appliqué, il devrait bientôt guérir.
Mordred : Tu es un excellent médecin Merlin.
Merlin : J’ai… observé Gaius, c’est tout.
Arthur : Tu fais également un excellent petit-déjeuner, vous le découvrirez bientôt, hein Merlin !
Merlin ne répond pas.
Arthur : (à Mordred) Oh, je viens de l’offenser, il est susceptible !
Mordred rit.
Arthur : Allez Merlin, on se détend, boit quelque chose ! (levant sa coupe) Au jeune Mordred, au succès de sa première mission !
Les chevaliers trinquent entre eux.
Mordred : Je n’ai rien fait !
Arthur : Si, vous avez fait preuve de vigilance. Merlin…
Merlin : (à Mordred, amer) Félicitations.
Arthur : S’il venait à mourir et qu’il lui soit accordé le bonheur éternel je pense qu’il trouverait encore une raison d’être malheureux. Voyons Merlin, nous avons triomphé !
Merlin : Osgar aurait pu vous tuer sans difficultés.
Arthur : Oui, mais il s’en est gardé.
Merlin : Pourtant c’était un sorcier et il en avait le pouvoir.
Arthur : Il était fou, voilà tout.
Merlin : Et la médaille ?
Arthur : Un colifichet, rien de plus ! Tiens.
Arthur lance la médaille à Merlin qui l’examine.
Arthur : Je demanderai au bijoutier de la sertir en souvenir de notre succès.
Couloirs du château
Arthur essaye de comprendre pourquoi Merlin est si sombre.
Arthur : Tu n’es pas malade au moins Merlin ?
Merlin : Non, Majesté.
Arthur : Tu ressemble de plus en plus à un chat famélique, hein, surtout de face !
Merlin ne répond pas.
Arthur : Tu vois, tu ne rigole plus à mes blagues ! C’est bizarre, franchement !... Je ne t’ai pas vu sourire depuis trois jours.
Merlin : À mon humble avis il n’y a pas de raison de sourire.
Arthur s’en va en soupirant.
Appartements de Gaius
Arthur et Merlin entrent dans la pièce pendant que Gaius examine la médaille.
Gaius : Merci d’être venu Sire. Je vous en prie.
Arthur s’assoit en face de Gaius.
Arthur : Rassurez-moi, vous ne croyez quand même pas aux sornettes que Merlin a dû vous raconter ?
Gaius : Il s’avère que c’est une médaille particulière.
Arthur : C’est ce que tout le monde me dit.
Gaius : Au temps jadis, cet objet engendrait l’effroi. Il était remis à ceux qui étaient appelés devant le tribunal des Disirs.
Merlin : Des Disirs ?
Gaius : Le plus haut tribunal de l’Ancienne Religion. Le jour de leur naissance, trois femmes ont été choisies pour être augure et prophétesse. Leur tâche consistait à interpréter la volonté de la Triple Déesse. Lorsqu’elles rendaient leur jugement, leur sentence était irrévocable.
Arthur : Mais… Ce sont de vieilles superstitions qui n’ont aucun sens aujourd’hui ! Je ne vois pas le rapport avec moi, ou avec Camelot.
Gaius : Pourtant, il est clair : les Disirs ont jugé bon de vous donner cette médaille. Ceci est le jugement des Dieux contre vous.
Arthur : Tout ceci… N’est que sottises.
Gaius : L’Ancienne Religion considérait que la médaille révélait à la fois la faute commise et le chemin de vie que les Dieux avaient choisis pour le coupable. C’est pourquoi elle est non seulement le jugement, mais elle est aussi le destin.
Arthur : (se levant) Oui, mais je me forge le mien.
Arthur s’apprête à partir.
Gaius : Tout seul ?
Arthur s’arrête et se retourne pour regarder Gaius.
Gaius : Il est dit que ce sont les Dieux qui décident du destin des hommes, Sire, et ils se montrent bienveillants uniquement lorsque les hommes se repentent et apaisent leur courroux.
Arthur : (revenant vers Gaius) Ce n’est pas ce que vous croyez ? Gaius…
Gaius : Je suis un vieil homme, Sire. Je suis assez âgé pour prendre garde à ne pas rejeter les croyances des autres.
Arthur prend la pièce et l’observe, songeur.
Chambre d’Arthur
Arthur : N’ai-je pas fait de Camelot un royaume plus juste et plus beau ?
Merlin : C‘est incontestable, Sire
Arthur : N’ai-je pas banni la cruauté et les injustices du passé ?
Merlin : C’est indéniable.
Arthur : Je ne suis pas comme mon père.
Merlin : Non.
Arthur : Alors pourquoi me juger comme lui ?
Merlin : Je doute d’être le plus qualifié pour répondre à cette question.
Arthur : C’est à toi que je l’impose… Merlin. D’homme à homme.
Merlin : Les Disirs pensent peut-être que vous valez la peine d’être jugé.
Arthur : Qu’entends-tu par cela ?
Merlin : Il est inutile de juger une personne qui n’écoute rien.
Arthur : Tu crois que je devrais les prendre au sérieux ?
Merlin : Je crois que c’est chose faite.
Arthur réfléchit.
Merlin : Si vous n’avez plus besoin de rien…
Arthur : Non, merci.
Merlin part, laissant Arthur en pleine réflexion.
Clairière du dragon
Merlin appelle Kilgharrah.
Kilgharrah : Tu as eu mille fois raison de m’appeler, Merlin. Les Disirs sont les porte-paroles de la Triple Déesse, et c’est bien elle qui a décrété quel serait le sort d’Arthur.
Merlin : Que va-t-il advenir de lui ?
Kilgharrah : Ce que la médaille prédit, c’est la mort d’Arthur.
Merlin : Quand ? Quand Arthur doit-il mourir ?
Kilgharrah : L’avenir n’est jamais facile à interpréter, tu devrais le savoir maintenant. Il y a bien des chemins possibles, et tous ne conduisent pas à la ruine de Camelot.
Merlin : Conduisent-ils à Mordred ?
Kilgharrah : Le jeune druide… Son destin et celui d’Arthur sont intrinsèquement liés, comme le lierre autour d’un arbre.
Merlin : J’ai bien peur qu’il soit dangereux.
Kilgharrah : Tu as de bonnes raisons de douter de lui.
Merlin : Il n’y a rien que je puisse faire ?
Kilgharrah : Quelque fois, pour sauver l’arbre, il convient de couper le lierre. L’occasion t’as déjà été donnée de tuer le jeune druide, si tu en as une autre, tu ne dois pas hésiter un seul instant.
Kilgharrah s’envole.
Chambre d’Arthur
Arthur fixe la médaille, songeur. Guenièvre apporte le repas à Arthur.
Guenièvre : Arthur, vous devez être affamé, vous n’avez rien mangé au souper.
Arthur : Merci, c’est très gentil.
Guenièvre : Soyez sans crainte, vous le disiez vous-même, Osgar n’avait pas toute sa raison.
Arthur : Merlin n’a pas tort. Il aurait pu me tuer, au lieu de cela il a préféré me donner cette médaille. Il a sacrifié sa vie pour le faire.
Guenièvre : Nul ne saurait comprendre un fanatique.
Arthur : Nulle trace de fanatisme dans ses yeux, non. Il n’y avait aucune haine, il y avait quelque chose qui ressemblait à de la pitié. Pourquoi un sorcier aurait-il pitié d’un roi ?
Guenièvre : Allons, mangez quelque chose.
Arthur : Et si les Disirs avaient raison ? J’ai peut-être transgressé innocemment une loi, j’ai peut-être mis Camelot en danger ?
Guenièvre : Arthur, vous êtes un roi juste et généreux.
Arthur : Les Disirs n’en sont pas convaincues.
Guenièvre : Parce qu’elles ignorent à qui elles ont affaire. Elles ne vous connaissent pas comme moi, si tel était le cas elles ne pourraient s’empêcher de vous aimer.
Guenièvre l’embrasse sur le front.
Appartements de Gaius
Quelqu’un tambourine à la porte, réveillant Merlin et Gaius en chemise de nuit.
Merlin : Je suis en retard, j’ai trop dormi ?
Gaius : L’aube n’est pas encore levée !
Gaius ouvre la porte à Arthur, habillé et prêt à partir.
Gaius : Majesté.
Arthur : Où puis-je trouver les Disirs ?
Gaius : Sire…
Arthur : Si quelqu’un sait ou elles peuvent être, c’est vous !
Gaius : Il y a quelques heures, j’ignorais qu’elles existaient encore !
Arthur : Mais nous savons qu’elles existent. Je vous le redemande : où se cachent-elles ?
Gaius : Sire, je doute qu’il soit sage que vous…
Arthur : Gaius ! Ai-je l’air d’un homme qui a du temps à perdre ?
Gaius : Pour rendre leurs oracles, les Disirs utilisaient un très ancien point d’eau. Ce point d’eau était alimenté par la source, ô combien sacrée, de Caerlanrigh. Cette source prend essence dans un bois d’ifs au cœur des Montagnes Blanches. Le bois de Brineved.
Arthur : Merci. (À Merlin) Nous partons dans l’heure.
Arthur part.
Gaius : Merlin, sois prudent. J’ignore ce que vous allez affronter, mais la puissance des forces occultes sera à son comble en ce lieu. La Caerlanrigh est la source vive de leurs pouvoirs.
Cour du château
Tous les chevaliers se préparent. Mordred arrive, voulant venir avec les autres.
Mordred : Majesté, vous retournez dans les Montagnes Blanches ?
Arthur : Oui.
Mordred : Alors je vous demande humblement de m’emmener avec vous.
Arthur : Vous n’êtes pas suffisamment aguerrit pour venir.
Mordred : Vous aurais-je déplu ?
Arthur : Non, bien au contraire.
Mordred : Alors que redoutez-vous ?
Arthur : Cette fois il ne s’agit pas d’un simple sorcier. Notre mission est dangereuse, nul ne sais à quel point elle peut l’être.
Mordred : Vous aurez besoin des meilleurs à vos côtés. Sire, laissez-moi accomplir mon devoir.
Arthur : Merlin, veille à ce qu’il ne lui manque rien.
Mordred sourit, les chevaliers partent vers les Montagnes Blanches.
Devant la grotte des Disirs
Les chevaliers arrivent à la source indiquée par Gaius.
Arthur : Restez groupé. Gardez vos positions.
Merlin : Majesté…
Arthur : Quoi encore Merlin ?
Merlin : Cet endroit est sacré.
Arthur : Ce n’est qu’une grotte.
Merlin : C’est bien plus que cela.
Arthur : Pour moi, c’est une grotte comme les autres.
Merlin : Nul ne saurait être armé dans un lieu sacré, Majesté.
Arthur : Veux-tu qu’on s’y aventure en étant… Désarmés ? Tu n’avais encore jamais rien dit d’aussi stupide, Merlin. Des bêtises, tu en as dites, mais celle-là c’est la plus déconcertante. Ça, tu peux me croire.
Grotte des Disirs
Arthur : Je suis Arthur Pendragon, roi de Camelot. Expliquez-moi le sens de cette médaille (il jette la pièce par terre). Le bois de Brineved est dans le royaume de Camelot, il est par conséquent soumis à ses lois. Tout être humain, qu’il soit humble, ou qu’il soit noble, a le droit d’être jugé uniquement par ses pairs. Mais vous, vous me jugez en mon absence ! Expliquez-vous.
Disir n°1 : Nous saurions juger,
Disir n°2 : Nous ne saurions condamner,
Disir n°3 : Nous ne sommes que les messagères de celle qui préside à toutes les destinées.
Disir n°1 : De celle qui voit tout,
Disir n°2 : De celle qui sait tout.
Disirs : La Triple Déesse !
Disir n°1 : Et vous, Arthur Pendragon, vous l’avez irrité.
Arthur : En faisant quoi ? N’ais-je pas été un roi bienveillant ? N’ais-je pas fait de Camelot un juste et généreux royaume ?
Disir n°1 : Nul ne saurait le contester.
Disir n°2 : Mais tu as renié l’Ancienne Religion,
Disir n°3 : Rejeté ses croyances,
Disir n°1 : Persécuté ces disciples,
Disir n°3 : Massacré certains d’entre eux.
Arthur : Je lutte en effet contre la sorcellerie, et la superstition, voilà tout.
Disir n°1 : Embrasse le culte de l’Ancienne Religion, Arthur.
Disir n°2 : Ou crains la colère de la Déesse,
Disir n°3 : La destruction de tout ce que tu as de plus précieux,
Disir n°2 : La fin de ton règne,
Disir n°1 : La chute de Camelot elle-même.
Arthur : Je refuse le jugement illégitime de ceux qui ne savent rien de moi !
Disir n°1 : Nous te connaissons, Arthur, depuis ta venue au monde !
Disir n°2 : Et aujourd’hui, tu oses apparaître ici, dans le plus sacré de tout les sanctuaires, au sein de l’Ancienne Religion, avec les armes à la main !
Disir n°3 : En piétinant des reliques cour sacrées !
Disir n°1 : En traitant le lieu le plus sacré comme tu traite ton royaume, avec arrogance !
Disir n°2 : Avec suffisance !
Disir n°3 : Avec insolence !
Gauvain : Assez ! Vous parlez à notre roi !
Gauvain se fait éjecter dans les airs par l’une des Disirs. Tous les chevaliers sortent leurs armes.
Arthur : À moi !
Une des Disirs lance son bâton vers Arthur, mais Mordred s’interpose et se fait transpercer à la place du roi.
Arthur : Merlin ! On se repli !!!
Tout le monde s’en va, mais la dernière des Disirs lance son bâton, que Merlin arrête grâce à sa magie, sous l’œil des Disirs. Merlin les rejoint dans la forêt aux alentours de la grotte.
Arthur : Comment va-t-il ?!
Merlin : C’est loin d’être une simple blessure, la sorcellerie est à l’œuvre.
Arthur : Peux-tu faire quelque chose ?
Merlin : Cela dépasse mes compétences, Sire. Il faut le ramener à Camelot.
Arthur : La route est longue, il pourrait ne pas survivre au voyage.
Merlin : Écoutez ! Seul Gaius saura quoi faire pour le sauver.
Arthur : Messieurs, en selle ! Nous rentrons à Camelot !
Forêt du Royaume de Camelot
Un peu plus tard, les chevaliers campent et Merlin en profite pour prendre la température de Mordred.
Arthur : Son état empire…
Merlin : Il n’y a pas eu d’évolution.
Arthur : Je n’aurais jamais dû le laisser venir.
Merlin : Il voulait vous prouver sa valeur.
Arthur : Il l’a fait. C’est la deuxième fois qu’il me sauve la vie.
Appartements de Gaius
Gaius se tient au chevet de Mordred, avec Arthur.
Gaius : Merlin avait raison. Cette blessure n’a rien d’ordinaire, c’est l’œuvre de la magie votre Majesté.
Arthur : Pouvez-vous le sauver ?
Gaius : Je suis médecin, il y a hélas des limites à mes connaissances.
Arthur : Mais vous pouvez certainement faire quelque chose !
Gaius : Eh bien peut-être. Sachez que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, Sire.
Arthur : Prévenez-moi dès que son état s’améliore. Ou alors si…
Gaius : Oui Sire.
Arthur part, laissant Gaius et Merlin seuls.
Gaius : Seuls tes pouvoirs le sauverait, Merlin.
Merlin : Je ne saurai sauver la vie d’un homme destiné à tuer Arthur.
Gaius : Si Mordred est destiné à tuer le roi, je voudrais savoir pourquoi il lui a sauvé la vie.
Merlin : Je ne saurai ignorer les avertissements du dragon.
Gaius : Où est passé le jeune homme qui est arrivé dans mes appartements il y a quelques années ?
Merlin : Je crois qu’il a mûri. Et qu’il sait aujourd’hui ce que le mot "devoir" signifie.
Chambre d’Arthur
Arthur boit une coupe de vin, songeur.
Guenièvre : Ce n’est pas votre faute. Il vous a supplié de l’emmener avec vous et vous avez accepté.
Arthur : C’était ridicule.
Guenièvre : Non !
Arthur : Vous m’avez dit un jour que Mordred avait un grand sens du devoir.
Guenièvre : C’est juste.
Arthur : Vous disiez aussi qu’il était impétueux, j’aurai dû vous écouter !
Guenièvre : Détrompez-vous. Car si Mordred était resté là, c’est vous qui seriez peut-être chez Gaius. Mordred a fait son devoir et vous pouvez faire le vôtre : vous pouvez régner.
Quelqu’un toque à la porte.
Arthur : Entrez !
Gaius et Merlin entrent.
Gaius : Sire…
Arthur : Quelles sont les nouvelles ?
Personne ne répond.
Arthur : J’ai cru que lorsqu’il serait de retour à Camelot, vous le soigneriez et vous…
Gaius : Le bâton qui lui a causé cette blessure a été engendré par le pouvoir de la sorcellerie.
Arthur : Trouvez un remède !
Gaius : Le poison qui court dans ses veines est rebelle à tout remède !
Arthur : C’est impossible ! Vous pouvez trouver une solution.
Gaius : J’ai bien peur que non. Seules les Disirs en personne ont le pouvoir de neutraliser les sorts qu’elles ont jetés. À mon avis, nous devons nous préparer au pire dès à présent.
Arthur : J’irai les voir.
Gaius : Sire, je ne crois pas que ce soit…
Arthur : J’implorerai leur pitié ! (à Merlin) Prépare les chevaux, nous partons sur le champ !
Forêt du Royaume de Camelot
Merlin : Pourquoi prenez-vous tant de risques pour un homme ?
Arthur : J’en ferai autant pour n’importe quel chevalier !
Merlin : Mais pas pour moi. N’est-ce pas ?
Arthur : Mais si, pour toi aussi. Les serviteurs sont durs à trouver, même les mauvais !
Merlin : Je suis touché.
Arthur : Mordred m’a sauvé la vie, aucune dette ne saurait la surpasser.
Merlin : Si, celle envers votre peuple, envers votre destin.
Arthur : On dirait que cela t’affecte.
Merlin : Oui, c’est le cas. Je m’intéresse à vous Arthur, à l’homme que vous devez devenir.
Arthur : Tout est écrit, ce que je fais importe peu, ce qui doit arriver arrive.
Merlin : Il y a une différence entre le sort et la destinée.
Arthur : Tu penses juste un peu trop à mon goût ! La situation est assez simple à comprendre : un frère d’arme m’a sauvé la vie, la sienne est en danger : il est de mon devoir de tout faire pour le sauver.
Arthur pose son épée au sol, juste avant l’entrée de la grotte.
Arthur : Je ne suis pas si insensible. J’avoue même que je comprends pourquoi certains ressentent ce lieu comme sacré. Je suis prêt à admettre que tu as raison parfois. Évidemment nous n’avons jamais eu cette conversation.
Merlin : Évidemment…
Grotte des Disirs
Disir n°1 : Arthur Pendragon,
Disir n°2 : Roi de Camelot,
Disir n°3 : Nous attendions impatiemment ton arrivée.
Arthur : (s’agenouillant) Mes hommes et moi avons agi avec arrogance et stupidité. Nous avons aussi profané ce sanctuaire et insulté votre religion. Je vous prie humblement de nous pardonner. L’un d’entre nous, Messire Mordred, en paiera peut-être le prix le plus élevé. Je suis là pour vous implorer de lui laisser la vie sauve.
Disir n°1 : Pourquoi devrions-nous te satisfaire ?
Arthur : Je ne demande rien pour moi, mais pour un jeune homme dont le seul crime a été de se sacrifier pour son roi.
Disir n°1 : L’avenir te réserve bien des maux et des souffrances, sache-le, Arthur Pendragon.
Disir n°2 : Non seulement pour toi mais pour ton peuple.
Disir n°3 : Si tu veux sauver tout ce qui t’es cher,
Disir n°1 : Si tu veux sauver ton royaume,
Disir n°2 : Embrasse l’Ancienne Religion,
Disir n°3 : Étudie ses mystères,
Disir n°2 : Prosterne-toi devant la Déesse !
Arthur : Je ne saurai faire cela.
Disir n°1 : Prends le temps de réfléchir.
Disir n°2 : Nous te laissons jusqu’aux premières lueurs du jour.
Devant la grotte des Disirs
Arthur : Comment savais-tu que c’était un sanctuaire ?
Merlin : C’est évident.
Arthur : Pas pour moi.
Merlin : Tout ce qui nous entoure est tellement vivant. Chaque arbre, chaque feuille, chaque insecte. On dirait que le monde est… frémissant. Ce qui nous entoure surpasse ce que nous voyons.
Arthur : Tu ressens tout cela ?
Merlin : Pas vous ? (Merlin s’assoit) Qu’allez-vous faire ?
Arthur : Je l’ignore. Mon cœur voudrait que je sauve la vie de Mordred. Mais j’ai vu… Tout le malheur que la sorcellerie pouvait apporter. Avant que mon père ne l’interdise, Camelot était presque détruite par ses œuvres. Et moi j’ai vu Morgane l’utiliser uniquement pour faire le mal. Que ferais-tu à ma place ?
Merlin : Moi ? Je ne suis qu’un laquais bon à faire le ménage.
Arthur : Être laquais n’empêche pas d’être sage.
Merlin ne répond pas.
Arthur : Cela ne te ressemble pas de garder le silence.
Merlin : L’avenir d’un royaume est en danger.
Arthur : Un homme aussi.
Merlin : Vous devez protéger Camelot, vous devez protéger le monde que vous rêvez de construire depuis toujours, un juste et généreux royaume pour tous.
Arthur : Je sacrifierai un ami à cette fin ?
Merlin : Vous devez accomplir votre destin de roi à tout prix.
Arthur : Si je sauve Mordred, ce que mon père a fait ne servirait plus à rien, la sorcellerie régnerait de nouveau à Camelot. C’est cela que tu veux ? Mais peut-être… Peut-être que mon père avait tort, la magie avait sans doute ses vertus. Merlin, que faut-il faire ? Accueillir la magie, ou sacrifier Mordred ?
Merlin : Il n’y a pas de place pour la magie à Camelot.
Grotte des Disirs
Disir n°1 : Tu es revenu.
Disir n°2 : Ta décision est-elle prise ?
Arthur : Oui. Je ne peux vous donner satisfaction.
Disir n°1 : Surtout réfléchit bien, Arthur Pendragon.
Disir n°2 : C’est ta toute dernière chance de sauver tout ce qui t’es cher.
Disir n°3 : Elle ne se représentera pas.
Arthur : J’ai vu trop de malheurs pour laisser la sorcellerie régner sur Camelot.
Disir n°1 : Tu as pris ta décision,
Disir n°2 : Scellé ton destin,
Disir n°3 : Et celui de ton royaume.
Disirs : Adieu, Arthur Pendragon.
Forêt du Royaume de Camelot
Merlin : Vous avez pris la bonne décision.
Arthur : J’ai condamné un homme à mort, Merlin.
Merlin : Dans l’intérêt de Camelot.
Arthur : Il s’est porté à mon secours plus d’une fois.
Merlin : Je sais.
Cour du château
Merlin et Arthur arrivent au château. Ils descendent de cheval, quand tout à coup, Arthur aperçoit en haut des marches… Mordred, se portant à merveille, qui vient lui donner l’accolade. Merlin observe la scène avec effroi.
Couloirs du château
Merlin : Comment ai-je pu être aussi stupide ?!
Gaius : Tu as fait ce que tu pensais être le mieux.
Merlin : J’ai cru que le meilleur moyen de protéger Arthur était de tuer Mordred.
Gaius : Eh bien dis-toi qu’il était naturel que tu le penses.
Merlin : Il est plus vivant que jamais à cause de cette décision. Le jugement des Disirs est évident maintenant : pour avoir rejeté la magie, Arthur mourra de la main de Mordred.
Gaius : Tu ne peux pas t’en vouloir.
Merlin : Mais si, c’est ma faute ! Mordred est vivant et plein d’entrain… En ce qui concerne la mort d’Arthur, il pourra jouer son rôle sans être inquiété et je ne saurais l’en empêcher… Je ne pourrai rien faire !
FIN DE L’ÉPISODE
Écrit par MagicTime pour Merlin HypnoSeries.