Interview Producteurs SFX Magazine

[NdT : Attention cet article contient des spoilers majeurs sur la Saison 4 ! ]

1ère partie publiée le 24 novembre 2011 :

Merlin Saison Six ? Et au delà ?

 Le plan sur cinq ans pourrait bien être prolongé, disent les producteurs.

Depuis que la série à succès de la BBC, Merlin, est apparue sur nos écrans en 2008, les producteurs exécutifs Johnny Capps et Julian Murphy ont toujours parlé d'un plan sur cinq ans. Mais il semble que désormais, avec des audiences qui s'améliorent à chaque nouvelle saison (dans un climat télévisuel dans lequel la plupart des audiences sont en baisse) et la saison quatre qui aide la BBC à rivaliser avec les audiences de X-Factor, ce ne soit dorénavant plus le cas.

 

En discutant avec les deux créateurs alors qu'ils assuraient la promotion du premier volume du coffret DVD de la saison 4 (disponible depuis lundi) [NdT : au Royaume-Uni !] SFX leur a demandé si leur plan était toujours d'arrêter la série avec la saison cinq.

 

« Non, ça ne l'est pas. », affirme Capps catégoriquement, « Pour nous, il s'agit de savoir si le public continue à l'aimer. Si le public continue à l'aimer et que nous continuons à apprécier de la faire, alors nous continuerons à la faire. »

Il y a également une éventuelle tentative de film, mais ces plans en sont encore à un « stade très précoce ».

En ce qui concerne le futur proche, ils ne révèlent pas grand chose. Ils promettent que l'épisode de ce samedi (qui a un titre légèrement spoiler si vous n'avez pas vu les trailers, c'est à souligner) Lancelot du Lac, est « l'un de ces grands grands moments légendaires déterminants pour lequel vous vous sentez sous pression afin de le faire bien. »

Ils ont également de bonnes nouvelles pour ceux d'entre nous qui pensent qu'il n'y a pas eu assez de Gwen et de Morgane cette saison : « Dans la seconde moitié de la saison, l'accent est essentiellement mis sur Gwen et Morgane. » déclare Capps. « Au cours des cinq prochains épisodes, ce sont des personnages très importants. Vous verrez. » ajoute Murphy.

 

Au sujet du final de la saison : « Il y a un énorme moment marquant dans les deux derniers épisodes. » révèle Capps. « Un moment essentiel de la Légende Arthurienne. Un grand moment que le public va aimer et une véritable réinvention de cette partie de la légende. »

Quant à savoir si nous pourrions faire quelque chose pour qu'Uther reste au générique, tous deux restent réservés. « Nous le conservons au générique parce que son héritage demeure, et c'était important pour nous. » dit Capps avant que Murphy n'ajoute avec espièglerie et un air malicieusement Moffat-esque [NdT : Steven Moffat, scénariste et producteur de Doctor Who] «Dire qu'il ne peut pas revenir sous une forme ou sous une autre, serait mentir. Nous avons bien fait revenir la mère d'Arthur ; il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas ramener son père. »

> Lire l'article original paru le 24 novembre 2011

La suite de cette interview paraîtra après le week-end... 

 

2ème partie publiée le 26 novembre 2011 :

Faire des mini-films de Merlin chaque semaine

Vous avez peut-être remarqué le changement ou bien c'est peut-être juste à la limite de votre conscience mais Merlin semble un peu différente cette année. Un peu plus cinématographique. Ce n'est pas dû seulement aux effets spéciaux plus ambitieux, ni au fait que les tournages à l'extérieur de Camelot semblent avoir bénéficié d'une rénovation poussée. Ce n'est pas simplement dû au fait que le jeune cast semble avoir beaucoup mûri. Et ce n'est pas dû non plus au récent ajout des Chevaliers de la Table Ronde qui semblent avoir participé à des scènes d'action encore plus grandioses. Bien que toutes ces choses soient vraies, c'est entendu. Mais aussi, dans la saison quatre, la série est pour la première fois tournée en 35 mm, qualité des longs-métrages.

Ce n'est pas un simple réglage technique. C'est un symbole qui démontre que la série prend de plus en plus d'ampleur. A cette époque l'an dernier, on nous avait dit que la série ne comprendrait que dix épisodes et que la télévision américaine avait pour projet une somptueuse nouvelle série intitulée Camelot. C'était un peu comme si Merlin se préparait à ce que le vent tourne. Mais ensuite, les chiffres des audiences pour la saison 2010 se sont avérés être les meilleurs à ce jour, et se sont améliorés tout au long de la diffusion. La saison quatre est soudainement revenue à 13 épisodes, on prévoyait de la tourner en 35 mm et un gigantesque nouvel écran vert était installé dans les studios de la série à Cardiff pour y créer des effets spéciaux encore plus grandioses. Camelot était annulée. La saison quatre a commencé à être diffusée et est sur le point de faire encore mieux que la saison trois, les producteurs parlent maintenant d'une éventuelle saison six (si ce n'est plus). L'avenir s'annonce prometteur en 35 mm.

Encore mieux, la saison quatre est en passe de devenir l'une des meilleures à en juger sur ce que nous avons vu jusqu'à présent. Et vous pouvez rattraper la première moitié grâce au premier coffret DVD de la saison quatre de Merlin qui sort ce lundi. Nous le savons car le producteur exécutif et co-créateur Johnny Capps le souligne à la moindre opportunité quand SFX discute avec lui et l'autre co-créateur et producteur exécutif Julian Murphy.

« Elle sort ce lundi. » nous le rappelle-t-il pour la n-ième fois.

« Quoi donc ? » demandons-nous effrontément.

« Merlin. »

« Jamais entendu parler. »

« Vous devriez lui donner une chance. » dit Capps. « C'est assez bien d'après ce que j'ai entendu dire. »

Il a parfaitement le droit d'être fier du succès actuel de la série. Il reconnaît avoir été « absolument ravi » par l'accueil réservé à la saison quatre. « Chaque année, vous vous sentez nerveux en attendant la réaction du public, à vous demander si les chiffres d'audience seront les mêmes. La saison est un petit peu plus sombre cette année et nous serons diffusés dans un créneau un peu plus tardif. Et donc toutes ces choses nous inquiètent bien évidemment un petit peu. Nous serons également opposés chaque semaine à The X-Factor qui, vous le savez, même si tout le monde s'accorde pour dire que ce n'est plus aussi bien qu'avant, demeure l'un des plus gros succès télévisuel auquel nous ayons jamais été opposé. »

« C'est donc un créneau vraiment difficile, et donc nous sommes bien évidemment ravis que ça marche bien. En fait, elle réalise la meilleure performance toutes séries confondues jusqu'à présent. Nous atteignons six à sept millions de téléspectateurs et notre AI se situe autour de 89 à 90 », ajoute-t-il, en faisant référence à l'Indice d'Audience qui estime combien les gens apprécient la série, plutôt que de simplement compter combien ils étaient à la regarder. « C'est bien l'un de plus gros AI que la BBC ait obtenu pour une de ses séries. » C'est très légèrement au-dessus de l'indice obtenu par Doctor Who cette année (ce qui ne prouve rien, avant que nous ne recevions des centaines de messages dans notre section commentaire de la part de fans de Who mécontents, c'est juste une comparaison qui peut servir aux personnes qui ne suivent pas ce genre de choses).

Capps et Murphy tiennent tous les deux à souligner que l'assombrissement, le ton plus mûr de la saison, était plus un développement interne qu'un changement calculé. Il s'illustre dans un subtile changement au niveau du texte narratif d'ouverture. Le destin de Camelot repose désormais sur un jeune « homme » au lieu d'un jeune « garçon ».

« Oui, » déclare Murphy, « C'est une réponse à ce que vous voyez à l'écran. Colin a parcouru un long chemin depuis le personnage innocent qu'il incarnait dans la saison un. Il a grandi en tant que personnage. Merlin est vraiment un homme maintenant, et nous devons en tenir compte. »

La série est également devenue plus feuilletonable, avec plus de complots, au fil des ans.

« Nous avons graduellement augmenté cet aspect au cours des quatre saisons et ça a toujours été notre plan en réalité. » convient Murphy. « Je pense que lorsque vous vous engagez dans ce genre de franchises, ces grandes aventures, vous êtes bien conscients que vous avez besoin d'une histoire dominante par semaine pour commencer. En particulier quand vous vous adressez à un très jeune public. Je pense que c'est important. »

« Mais nous avons toujours voulu, au fur et à mesure que nous nous rapprochions de la légende, faire disparaître l'élément feuilleton. » poursuit-il. « Je pense qu'ainsi, en partie, nous nous dirigeons vers un créneau plus mûr et plus sophistiqué, on peut se permettre d'être un peu plus sérialisé. Ça nous permet de concevoir des histoires plus riches. »

« Je pense également, qu'au fur et à mesure que la série avance, notre public s'attache aux personnages, » ajoute Capps. « Ils tiennent une place de plus en plus importante pour eux. Par conséquent, vous pouvez davantage sérialisé. Mais il est toujours important pour nous que chaque semaine ait une histoire indépendante – un mini-film d'aventure/action. »

Le destin d'Arthur

Adopter en partie un ton plus sombre signifiait qu'ils pourraient certainement choquer un public habitué peut-être à un ton plus rassurant auparavant. « Nous sommes très heureux, d'un point de vue théâtral, de la façon dont la mort d'Uther a été jouée. » dit Murphy. « Parce que c'était une question délicate. C'était quelque chose que nous savions que nous aurions à faire, mais nous voulions le faire de sorte que ça nous propulse en avant. Et ce n'était pas un terrible moment morose dans la saison, mais le début de l'histoire du Roi Arthur, plutôt que celle du Prince Arthur. Nous sommes tous les deux enchantés de la façon dont Howard Overman l'a écrite, et de la manière donc Alice Troughton l'a tournée. Je pense qu'elle a fait un superbe travail. Je pense que c'était un épisode très difficile à traiter. »

Murphy estime également que l'équipe de production est en train d'apprendre un nouveau vocabulaire visuel dans sa façon de raconter un épisode de Merlin à mesure que la série avance.

« Je pense que ce qui est intéressant – et je ne l'ai jamais fait à la télévision auparavant – c'est que pour beaucoup de nos épisodes, nous n'avons que très très peu de pages de scripts désormais. Nous ne sommes pas une série qui repose sur le dialogue. Nous sommes devenus extrêmement axés sur l'aspect visuel. En particulier, ces deux premiers épisodes de la saison quatre sont curieusement axés sur le visuel. Et c'est un défi pour nous. Il signifie que nous devons raconter les histoires de façon plus cinématographique. Ça a été une grande expérience dans la saison quatre, et nous sommes heureux de pouvoir le faire. Cette liberté nous a été accordée par la BBC. Et ceci, je pense, constitue une très intéressante expérience cinématographique pour le public du samedi soir. »

Ils tiennent également à souligner que le passage au 35 mm n'est pas simplement un changement de caméras ou d'objectifs en continuant comme avant.

« Non, ça a un effet bien plus important que ça, de toutes sortes de façons subtiles. » dit Murphy. « Ça change notre discipline sur le plateau. Nous devons filmer de façon plus disciplinée parce que la pellicule est coûteuse. Mais en réalité c'est une chose très saine. Ça oblige les gens à être plus méticuleux. Ça induit une poussée d'adrénaline quand vous allez tourner une scène importante. Et ça a un effet subtil sur la série. »

Capps s'étend sur un des ces effets subtils : « Parce qu'il y a tellement plus de détails sur film, ça change les performances par petites touches. Vous plongez dans les yeux des acteurs et vous savez ce qu'ils pensent. Il y a une chose qui nous a vraiment marquée Julian et moi quand nous regardions les premiers jours de tournage – la façon dont ça changeait le visage des acteurs et leurs expressions. Ça ressemblait soudain davantage à un film. »

Tournage difficile

Mais le nouveau régime de tournage s'est révélé « éprouvant » pour les deux vedettes de la série, Colin Morgan (Merlin) et Bradley James (Arthur).

« C'est difficile pour eux. » déclare Murphy. « C'est vraiment un tournage ininterrompu. Nous tournons pendant 32 semaines et Colin en particulier n'arrête jamais. La seule façon dont nous pouvons tourner avec le type de matériel que nous utilisons, destiné à un programme télévisuel, repose sur des groupes multiples. Et ça veut souvent dire trois groupes par jour. Ce pauvre vieux Colin est souvent présent dans chacun des trois sous une forme ou sous une autre. Mais je pense que ce à quoi ils ont dû répondre tous les deux est le côté de plus en plus adulte et le matériel sophistiqué. Je pense que ça leur a donné un nouveau souffle et une véritable énergie. Plus vous les mettez au défi en tant qu'acteurs, mieux ils y répondent. »

« Je pense que c'est ce qui rend le processus scénaristique vraiment agréable pour nous. » reconnaît Capps. « Nous pouvons tout demander aux acteurs. Je pense que cette année a été particulièrement géniale pour nous parce que nous avons non seulement été plus ambitieux visuellement pour la série, mais nous avons aussi embarqué les acteurs dans des histoires émotionnelles. Chacun des quatre personnages principaux est poussé dans des endroits intéressants émotionnellement parlant. Et ils ont tous mis les bouchées doubles et effectués des performances fantastiques. »

Ils ne vont pas en révéler beaucoup plus sur la seconde moitié de la saison qu'ils ne l'ont fait un petit peu jusqu'ici, mais Murphy y fait intentionnellement allusion :
« Il y a une fin très surprenante pour Morgane. »

« Elle meurt. » dit Capps en mettant son grain de sel.

Puisque nous ne pouvons pas croire ce qu'il nous révèle ceci, nous supposons qu'ils nous taquinent ?

« Je bluffe peut-être doublement. » suggère-t-il.

Oh, oh, il nous joue ça à la Moffat. 

 

> Lire l'article original paru le 26 novembre 2011 ( page 1 / page 2)

Dave Golder – 24 et 26 novembre 2011 – SFX Magazine

Crédit traduction : Locksey pour Merlin-Hypnoweb