La légende- Mordred

Mordred (ou Medrawt en Gallois) est l'un des personnages les plus sombres de la légende arthurienne. Suite à une prophétie de Merlin qui lui annonce la naissance de cet enfant incestueux, celui-ci devant apporter la ruine sur le royaume, Arthur fait éloigner tous les enfants nés durant le mois de mai. Mordred échappe à ce decret et grandit dans le secret.

 

Deux versions s'affrontent quant à l'identité de sa mère :

1. Mordred serait le fils illégitime d'Arthur et de la reine d'Orcanie, Morgause. Tous deux ignoraient pendant leur liaison qu'ils étaient demi-frère et sœur, Mordred étant le quatrième enfant de Morgause. Dans cette version, il est de fait le demi-frère de Gauvain, Agravain et Gareth.

2. Mordred serait le fils illégitime d'Arthur et de sa demi-sœur Morgane, conçu sous l'emprise d'un philtre magique contrôlant le roi.

Dans les deux cas, le jeune homme est le fils caché du roi Arthur : l'imprécision quant à l'identité de sa mère est en partie provoquée par le fait que les personnages de Morgane et Morgause sont souvent confondus et mélangés l'une avec l'autre. La première version est souvent la plus reconnue, puisque la légende affirme que Mordred a grandi dans le royaume de Loth, le nom de son père officiel.

Quel que soit sa mère, cependant, l'enfant est frappé du malheur dès sa naissance, puisqu'il a été conçu hors mariage, et est donc un bâtard. C'est sa caractérisation principale dans la légende et celle qu'il est important de connaître pour comprendre le mépris que reçoit le personnage dans les textes écrits en pleine féodalité. Mordred est exclu dès le départ du monde de la noblesse : il ne peut recevoir aucun titre, aucun héritage.

 

ENFANCE

Dans toutes les versions, Mordred grandit dans le petit royaume insulaire d'Orcanie, loin de son père, Arthur, qui ignore son existence. Il est élevé par sa mère Morgause, qui se charge de son éducation. La légende présente Mordred comme un enfant prometteur mais à l'âme sombre : il grandit dans la haine de son père et de la société construite par celui-ci, une société dont il est exclu à cause de ses origines.

Il développe un caractère fourbe, envieux, calculateur et cynique, loin des valeurs chevaleresques de la Table Ronde. Mordred connait l'identité de son vrai père et cela ne fait que développer sa rancœur à son égard : l'enfance qu'il a vécue n'est en rien comparable à celle qu'il aurait pu avoir, celle de l'héritier du trône.

 

A LA COUR DU ROI ARTHUR

Mordred rêve du trône, et il est prêt à tout pour l'obtenir. Lorsqu'il se présente à la cour du roi, c'est d'abord comme le neveu de ce dernier. Arthur est alors un homme vieillissant, et affaibli, comme toute sa cour, par la quête du Graal. Quand il découvre que Mordred est son fils, il ne le rejette pas, montrant sa noblesse en assumant son erreur passée : il le présente donc à la cour comme son neveu, le fait adouber chevalier et lui accorde une place de choix à la Table Ronde.

Mordred s'intègre rapidement, mais ses vices le rattrapent très vite : il triche aux tournois, ne respecte pas le code d'honneur, séduit toutes les femmes qui l'entourent, mariées ou non. Il s'attire ainsi une réputation d'homme fourbe et mauvais perdant, sans aucun scrupule. Il excelle dans l'art de semer la zizane et monter les amis les uns contre les autres.

 

LA CHUTE DE LA TABLE RONDE

Mordred et son frère Agravain sont ceux qui vont révéler au roi la liaison entre la reine Guenièvre et Lancelot du lac. Il attise la discorde en réclamant une justice implacable, comme le droit l'exige. Lancelot, affirme-t-il, ne devrait pas avoir droit à de l'indulgence parce qu'il est le meilleur ami du roi. Toujours soucieux de justice et d'exemplarité, Arthur l'écoute et fait condamner les deux amants.

Ces derniers parviennent à s'échapper, à la grande rage de Mordred. Le chevalier félon va profiter d'une absence d'Arthur, parti guerroyer en Gaule, pour s'emparer du pouvoir que lui avait confié son père et violente Guenièvre qu'il enferme dans une tour. Il envisage même de l'épouser après avoir tué son père.

De retour sur l'île, le roi et ses chevaliers affrontent les troupes de Mordred lors de la bataille de Camlann. Arthur et Mordred s'entretuent, le jeune homme réussissant à le blesser mortellement avant que le souverain ne l'abatte.

 

 

 

MORDRED DANS LES TEXTES MÉDIÉVAUX

L'existence de Mordred est attestée dès les plus anciens textes mythologiques celtiques. Il est désigné comme un traître et le fils illégitime d'Arthur dès l'Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth.

Ce personnage a été inventé pour être détesté et symboliser tous les vices rejetés par la Table Ronde. Il est l'archétype du chevalier félon, un traître sans morale dont le seul objectif est son intérêt personnel et son désir de vengeance. C'est un chevalier noir, dénué des valeurs morales les plus élémentaires.

Si Mordred est clairement un personnage cliché, son rôle est primordial dans la légende, puisque c'est lui qui permet de la conclure. Il a été créé volontairement en opposition au roi Arthur, dont la grandeur n'est qu'accentuée lors de leurs retrouvailles puis leur combat final. Il ne s'agit pas seulement d'un combat entre deux chevaliers, mais d'un affrontement entre un père et un fils, l'un symbolisant le bien et l'autre le mal.

 

Sources : mythologica, legendearthur.canalblog.com